Destruction de la statistique publique : le cauchemar des assureurs américains.
- Mathieu MILLET
- 3 avr.
- 2 min de lecture

Les statistiques sont un peu les yeux des assureurs, l’organe par lequel ils appréhendent le réel. 👀 Comment, par exemple, fixer le montant d’une garantie contre le vol si l’on ignore la fréquence et les conditions de réalisation de ce type d’événement ?
Or c’est à un tel état de cécité que pourrait, aux États-Unis, être bientôt réduit le secteur. En effet, on assiste, comme nous l’explique Jennifer Overhulse dans un excellent article, à des mesures extrêmement brutales. [1] 🪓
Les sites des agences gouvernementales sont ou bien expurgés de milliers de pages de contenus, ou bien rendus inaccessibles au public. Alors que, dans le même temps, des coupes budgétaires drastiques mettent leur travail en péril.
Pour ne parler que de l’assurance auto, la perte est incommensurable :
➡ La collecte de données dans le domaine des transports va être limitée, et donc l'information disponible sur les accidents de la route.
➡ En février, les rapports du ministère de la Justice concernant la criminalité ont disparu de leur site Web. Impossible alors de suivre les évolutions en termes de vol, de vandalisme, etc.
➡ La NOAA, qui étudie notamment les risques d'incendies et d'inondations, est sur le point de se séparer de 20 % de ses effectifs.
Cette grave incertitude aura des conséquences prévisibles :
1️⃣ D’abord une hausse des primes. Quand l’information perd en précision, il ne reste qu’à se donner une marge d’erreur… et à fixer, pour se couvrir, le montant des primes dans le haut de la fourchette.
2️⃣ Le retrait, ensuite, de certaines zones géographiques et de certains secteurs d’activité. Incapables d’établir leurs calculs sur des données fiables, les assureurs, dans bien des cas, préféreront tout simplement s’abstenir d’assurer.
Cette situation va-t-elle ouvrir la voie à un nouveau marché de la statistique privée pour pallier le tarissement auquel on assiste ? Peut-être. Mais il est certain que cela aura un coût, quand rien ne prouve que la qualité des données sera à la hauteur.
L’ampleur de ces dérives nous rappelle en tout cas à quel point, pour une société, disposer de chiffres qui offrent un reflet de la réalité aussi exact que possible est un bien inestimable (et gratuit, de surcroît !). 👍
Le Parlement français, en 2008, avait été bien inspiré en votant la création de l’Autorité de la statistique publique, qui depuis « veille au principe d’indépendance professionnelle dans la conception, la production et la diffusion de statistiques publiques ». [2]
A l'inverse, le gouvernement Trump semble, au nom de la réduction des dépenses, s'engager dans une direction qui pourrait bien s'apparenter à une entrave à l'accès à l'information. Au risque que cet appauvrissement des données ne plonge dans l'obscurité l'ensemble des décideurs économiques du pays… 🙈
Sources :