Warren Buffet n’est guère avare en prédictions. 🔮 Interrogé en 2019 sur le destin de Tesla Insurance, il s’était contenté d’un commentaire, lapidaire et éclairant.
Les chances pour un constructeur de réussir dans l’assurance seraient au fond égales à celles d’un assureur qui se lancerait dans la production d’automobiles. Un simple renversement de perspective qui mettait en exergue, sinon l’incongruité, du moins l’énormité du défi.
4 ans plus tard, l’entreprise californienne peut se flatter d’avoir, sur l’exercice 2023, collecté près d’un demi-milliard de dollars de primes. Des résultats en trompe-l’œil ? Peut-être bien. Car dans certains États, le ratio combiné atteint des niveaux rédhibitoires : 145 %... 🤦♂️ [1]
Or, on s’en souvient, ce projet d’assurance maison avait germé après que la branche assurance de l’AAA avait relevé, pour compenser les surcoûts, les primes des Tesla de 30 %. [2] Le pari du constructeur était alors de s’appuyer sur sa maîtrise de la data et sur une sécurité accrue pour casser les prix. Deux axes certes pertinents, mais à l’évidence encore perfectibles.
Plus profondément, on peut, dans les pas de M. Buffet, se questionner sur l’incompatibilité de principe des deux métiers.
➡️ Comme l’analyse Adam Denninger, de chez Capgemini, ce n’est pas la première fois qu’une entreprise s’aventure sur le terrain des assureurs en pensant que ses prouesses technologiques suffiront à son succès. 🦸♀️ Et se casse les dents en découvrant toute la difficulté qu’il y a à gérer un dossier de sinistre, répondre aux demandes des clients, etc. [3]
➡️ L’évaluation fine des risques est capitale et s’avère un exercice périlleux pour les nouveaux venus. Plus encore si l’on se spécialise, comme Tesla, dans des technologies (moteur électrique, conduite autonome, etc.) qui offrent moins de recul.
➡️ Et puis, dans le fond, constructeurs et assureurs ne sont-ils pas deux acteurs aux intérêts divergents ? 🤔 Quand l’un est enclin à vendre ses pièces de remplacement au meilleur prix, l’autre cherche autant que possible à réduire les coûts des réparations. Une position aussi schizophrénique est-elle vraiment tenable ?
Alors nul doute que les pistes suivies par Tesla ont de l’avenir : exploitation des mines de data liées à la conduite, développement des systèmes télématiques, etc. Bon, pour l’instant, l’entreprise s’apprête surtout à faire face à une « class action » qui promet l’an prochain de faire du bruit. Il faut du temps aux innovations pour arriver à maturité.
Mais il y a peut-être également derrière cela quelques principes de base dont la technologie, aussi poussée soit-elle, aura du mal à s’affranchir… Sources :
2. reuters.com